La Chambre de commerce de l'Ontario presse le gouvernement provincial d'adoucir la législation entourant l'industrie du cannabis, car elle estime que les commerçants sont exposés à des obstacles qui nuisent à leur profitabilité et à leur croissance.
L’organisme demande notamment à la province de permettre aux consommateurs de fumer légalement dans certains espaces intérieurs, et d’adopter des mesures pour éviter que les vendeurs de cannabis ouvrent des magasins les uns à côté des autres.
David Soberman, professeur de Marketing à l'Université de Toronto n’est pas surpris par ces recommandations de la Chambre de commerce pour qui la démarche est plutôt normale, puisque c’est [son] travail et [son] objectif d'aider les entreprises qui sont engagées dans tous les domaines de l'économie en Ontario.
Même son de cloche du côté de Michael Armstrong, professeur associé à l’école de commerce Goodman de l’Université Brock, pour qui ces recommandations bénéficieraient clairement à l’industrie du cannabis. Ça offre de nouvelles opportunités aux consommateurs […] et s’ils fument plus ils achètent plus, donc c'est bon à la fois pour les producteurs et pour les distributeurs.
M. Armstrong s’interroge toutefois sur le bien-fondé d’un assouplissement des règles de consommation du cannabis en raison des politiques publiques et des objectifs du gouvernement.
Le gouvernement fédéral veut que le marché du cannabis soit suffisamment attractif pour que les fumeurs passent du marché illégal au marché légal, mais il ne veut pas rendre le marché trop attractif pour éviter que les non-fumeurs se mettent à fumer.
Le professeur soulève également plusieurs défis liés à la consommation de cannabis dans des lieux publics. Il mentionne notamment la conduite avec facultés affaiblies, car si les consommateurs se déplacent dans des endroits dédiés pour fumer, cela signifie qu’ils doivent ensuite retourner à la maison
, et cela représente un danger, souligne-t-il.
Michael Armstrong ajoute que depuis des décennies la société canadienne tente de réduire la consommation de tabac et qu’elle a déjà interdit la consommation de cigarette dans les bars.
M. Armstrong note toutefois que si vous n’êtes pas autorisé à fumer du cannabis dans votre appartement, alors vous n'avez pas d'endroit où le fumer légalement en intérieur
. Selon lui, des espaces consacrés permettraient donc aux consommateurs de fumer dans un espace clos de manière légale plutôt que de le faire en violant la loi.
C’est un point de vue que partage Ryu Singh, employé de la boutique Friendly Stranger au centre-ville de Toronto, qui plaide en faveur d’une consommation légale du cannabis dans des endroits comme des bars ou des cafés. Il s'agit selon lui d'assurer aux consommateurs un endroit sécuritaire pour leur éviter de fumer à l’extérieur
.
Ryu Singh se demande d'ailleurs pourquoi cela n'est pas autorisé au Canada, alors que la pratique est permise dans d'autres endroits comme à Amsterdam
, dit-il.
David Soberman se demande pour sa part si les recommandations seront acceptées par le gouvernement, car il faut prendre en compte les gens qui entourent les fumeurs et qui vont inhaler la fumée
. C’est la raison pour laquelle le tabac a été interdit en intérieur et même en extérieur à proximité des portes de bâtiments publics, rappelle-t-il.
Selon M. Soberman, les lois ne doivent pas servir une industrie en particulier. Quand le gouvernement s'engage à faire des lois comme ça, ce n'est pas une bonne idée
, croit-il.
La province assure quant à elle qu’aucun changement en lien avec la consommation de cannabis n'est prévu pour le moment.
Dans un courriel envoyé à Radio-Canada, un porte-parole du gouvernement assure que les priorités sont plutôt de lutter contre le marché illégal, tout en gardant le cannabis hors de la portée des jeunes, et en assurant la sécurité de nos communautés
.
Avec les informations de Yanick Lepage
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