L'éCONOMIE NE REFROIDIT PAS LES ACHETEURS DE BRP, ASSURE SON PATRON

MONTRÉAL — Le fabricant québécois de véhicules récréatifs BRP affiche une vigoureuse augmentation des bénéfices et des revenus, même si son industrie atteint un plateau après un sursaut d’engouement pour les activités de plein air durant la pandémie.

En entrevue, le président et chef de la direction, José Boisjoli, répond à la «question à 100 $»: est-ce que la résilience de la demande peut se maintenir pour les Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am dans un contexte d’incertitude économique? 

«On écoute les nouvelles tous les jours, on regarde un peu le macro-économique, mais nous, quand on regarde nos indicateurs à nous, on est encore très content de comment on avance», assure le dirigeant au cours d’un entretien téléphonique en marge de la publication des résultats du premier trimestre et de son assemblée annuelle. 

Il souligne que le taux de chômage demeure bas au Canada et aux États-Unis. Durant la pandémie, environ 35 % des acheteurs d’un produit de BRP faisaient un premier achat. Cette proportion demeure élevée à 28 % comparativement à 20 % avant la pandémie, signe d’un renouvellement de la clientèle. 

Le dirigeant ajoute que 70 % de sa clientèle aux États-Unis a des revenus supérieurs à 100 000 $. Ses clients sont ainsi moins influencés par l’incertitude économique, l’augmentation du prix de véhicules et les frais de financement plus élevés en raison de la hausse des taux d’intérêt. 

Le paiement mensuel type d’un consommateur aurait augmenté de 8 %, a dit M. Boisjoli, plus tôt jeudi, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes. «Une augmentation de 8 % sur un paiement mensuel de 300 $, c’est quelque chose que les consommateurs surveillent, mais ce n’est pas assez significatif pour les décourager de faire un achat.»

La résilience de la demande prend encore plus d’importance pour la société maintenant qu’elle ne peut plus compter sur le renflouement des stocks des concessionnaires, qui avaient fondu en raison des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, souligne l’analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux. 

Les stocks se trouvent désormais 4 % au-dessus du seuil d’avant la pandémie. «Ça ne devrait pas être une surprise pour les investisseurs tandis que le premier trimestre marquait la fin du renflouement des stocks», commente l’analyste.

M. Boisjoli estime que le seuil des stocks chez les concessionnaires reste «raisonnable». «Pour le nombre d'unités, on est au même niveau qu'avant la pandémie, mais nous, on a gagné sept points de parts de marché depuis la pandémie, précise-t-il en entrevue. En nombre de jours, nous sommes plus bas qu'avant la pandémie.»

Les stocks des concessionnaires représentent environ 90 jours de leurs ventes, soit la cible que s’est fixée la société. «Avant la pandémie, on avait un objectif d’à peu près 120 jours, mais on roulait plus autour de 150.»

Électrification des transports

BRP veut toujours offrir une version électrique de tous ses véhicules d’ici 2026, ce qui représente un investissement de 300 millions $. La motoneige électrique sera le premier véhicule à être commercialisé pour décembre prochain. Environ 200 employés basés à Valcourt travaillent sur le chantier d’électrification. 

Au moment où Québec fait de la filière batterie une priorité de sa stratégie économique, BRP affirme qu’elle peut électrifier ses véhicules récréatifs sans assistance de l’État. «On n’a eu aucune aide du gouvernement et on n’en cherche pas.»

Résultats supérieurs aux attentes

L’entreprise québécoise a dévoilé, plus tôt jeudi, des résultats supérieurs aux attentes tandis que son bénéfice net augmente de 28 % à 154,5 millions $ au premier trimestre clos le 30 avril. Le bénéfice ajusté dilué par action est de 2,38 $. Les revenus, pour leur part, augmentent de 34 % à 2,43 milliards $. 

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 2,43 $ et des revenus de 2,28 milliards $, selon la firme de données financières Refinitiv.

«Même si le trimestre a commencé plus calmement en raison de l’arrivée tardive du printemps, la tendance a repris en avril, raconte le PDG. Ça nous a permis d’enregistrer un autre trimestre solide au détail et de gagner des parts de marché.»

La direction a réitéré ses prévisions pour l’exercice en cours. Elle prévoit une augmentation des revenus d’entre 9 % et 12 % et que le bénéfice ajusté dilué par action se situera entre 12,25 $ et 12,75 $. 

Malgré une industrie «stable», BRP croit être en mesure de générer de la croissance en gagnant des parts de marché grâce à ses nouveaux produits. 

L'analyste Brian Morrison, de Valeurs mobilières TD, estime que les résultats sont sans surprises. «Ceci étant dit, les résultats renforcent notre conviction selon laquelle l’entreprise peut atteindre ses objectifs financiers, ce qui comprend d’attrayants flux de trésorerie. Ça démontre une évaluation intéressante pour l’action et donne une marge de manœuvre pour retourner du capital aux actionnaires.»

L'action de BRP a décliné de 1,38 $, ou 1,43 %, à 94,13 $ à la fin de la séance de la Bourse de Toronto. 

Entreprise citée dans cette dépêche: BRP (TSX:DOO)

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne

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