CHOC ET INQUIéTUDES FACE AUX RéDUCTIONS DE SERVICE DE DESJARDINS AU BAS-SAINT-LAURENT

L’annonce de la fermeture de dix succursales du Mouvement Desjardins au Bas-Saint-Laurent continue de faire réagir dans la région. Si la nouvelle n’étonne pas les élus des municipalités concernées, elle suscite de l’inquiétude auprès de la clientèle plus âgée et des entrepreneurs.

Moi, je suis beaucoup moins dans l’informatique et tout ça, alors plus de caisse, qu’est-ce que je fais? se demande avec stupéfaction Pauline Boucher, résidente de Saint-Clément, dans les Basques. Sa municipalité fait partie de la dizaine d’autres qui verront leurs succursales Desjardins mettre la clé sous la porte en juin.

On est une petite paroisse, puis on a besoin de notre caisse, poursuit celle qui dit fréquenter souvent la succursale clémentoise, qui est actuellement ouverte deux jours par semaine. Tous les jours, je suis là, à tous les jours d’ouverture. Elle remarque que ce ne sont pas tous les habitants du village de moins de 500 habitants qui possèdent une voiture pour se rendre aux centres de services les plus proches, à Saint-Cyprien ou à Saint-Jean-de-Dieu.

C’est précisément en raison des effets sur la clientèle plus âgée que le Carrefour 50 + du Québec s’inquiète de cette réduction de services dans la région. Souhaitant que la coopérative revienne sur sa décision, le regroupement espère rencontrer ses dirigeants locaux pour qu’ils puissent s’expliquer, mais aussi pour s'assurer que la transition se fasse en douceur.

Lundi, le Mouvement Desjardins se faisait rassurant en promettant d’accompagner ses usagers en attendant la fermeture de ces succursales. Le président du conseil d'administration de la Caisse du Témiscouata, Nicolas Cervant Caron, évoquait même la possibilité d’organiser temporairement un service de transport entre les municipalités pour aller rejoindre un point de service.

La coopérative explique cette restructuration majeure, qui s'inscrit dans le cadre d'un effort visant à supprimer 30 % de ses succursales au Québec d'ici la fin de 2026, par les habitudes transactionnelles de ses usagers. Moins de 1 % d'entre eux avaient encore recours aux comptoirs caisse pour effectuer des transactions, dans un contexte où l'écrasante majorité de celles-ci s'effectuent en ligne.

On éloigne les services

Plus loin, le propriétaire de Services agromécaniques de Saint-Clément déplore lui aussi la perte de ce service de proximité. Comme plusieurs autres entreprises de l’endroit, Claude Tremblay se rendait souvent à la caisse du coin pour effectuer des dépôts ou pour la paperasse administrative.

De plus en plus, il y a des transactions qui se font par Internet et tout ça, mais quand même, c’est déplorable de perdre encore un service dans un milieu rural, jette l’entrepreneur. C’est un service de moins qui nous rend encore moins efficaces avec des coûts plus élevés. La centralisation s’installe.

La situation est également déplorée par la directrice générale de la municipalité.

Le maire de Saint-Clément, Gabriel Belzile, a pour sa part déjà signifié son intention d’aborder la situation auprès du conseil municipal lors de leur prochaine réunion de travail.

Malgré la déception, certains notent que l'annonce de ces fermetures était prévisible. Ici, à Saint-Arsène, ce n'est pas vraiment une surprise, laisse tomber le maire Mario Lebel. Notre guichet automatique a pris fin en septembre 2023.

Tout comme Saint-Mathieu-de-Rioux, la Municipalité de Saint-Arsène est propriétaire du bâtiment qu'occupe Desjardins, ce qui veut dire qu'elle pourra y aménager de nouveaux bureaux.

À Témiscouata-sur-le-Lac, la nouvelle a aussi été accueillie avec scepticisme. La succursale de la ville, située dans le quartier Notre-Dame-du-Lac, sera réduite en centre libre-service au mois de juin, mais restera tout de même ouverte.

Notre-Dame-du-Lac est pas dedans, une chance, mais si ça advenait que c'était Notre-Dame [qui allait fermer], je m'en vais à la Banque Nationale! lance le résident Gilles-Janvier Rioux, résigné.

Il n'en demeure pas moins que, nous, on a des questionnements au niveau des gens qui ne sont pas tournés vers le numérique, indique le préfet de la MRC de Témiscouata, Serge Pelletier. Dans les faits, je dirais que c'est une perte au niveau des habitudes des gens, qu'on le veuille ou non. Ça ne peut pas être vu comme positif.

Même s'il rappelle n'avoir que très peu de contrôle sur la décision d'affaires de la coopérative, il dénonce cette perte de service qui sera ressentie chez lui à Saint-Louis-du-Ha!-Ha! et à Rivière-Bleue. Mais en même temps, on comprend aussi que ça a évolué à travers les années et on est peut-être rendu dans un modèle différent.

Avec la collaboration de Fabienne Tercaefs.

2024-04-23T19:51:15Z dg43tfdfdgfd