Une société minière albertaine, Sio Silica, souhaite forer 7200 puits dans le sud-est du Manitoba afin d’extraire plus de 30 millions de tonnes de sable d'une nappe aquifère. Or, des habitants du secteur s'inquiètent puisqu'il s'agit de la source d'eau potable pour des dizaines de milliers de personnes.
La société minière souhaite obtenir une autorisation de la Commission de protection de l’environnement du Manitoba (CPE) pour forer sur une période de 24 ans.
Le produit convoité par Sio Silica est le quartz cristallin ultrapur, qui est à 99,85 % sans contaminants qui diminuent la valeur industrielle de la silice.
Sio Silica affirme que son projet va permettre d’injecter des milliards de dollars dans l'économie manitobaine en participant à la production d'une matière première très recherchée. Celle-ci est nécessaire à la production de panneaux solaires, de nouvelles batteries et de semi-conducteurs.
Pour y parvenir, la stratégie consisterait à injecter de l'air dans la nappe aquifère et le sable serait extrait de chaque puits. Ensuite, une boue de sable et d'eau sera acheminée vers une usine de traitement installée dans une ancienne parcelle de forêt au sud de Vivian, dans la municipalité rurale de Springfield.
D'après la société minière, le sable sera idéalement purifié à l'usine et l'eau excédentaire sera, quant à elle, nettoyée et renvoyée sous terre.
Pour le PDG de Sio Silica, Brent Bullen, insiste sur le caractère précieux du sable de silice en question.
Ce dépôt de sable pur au Manitoba est probablement le plus gros qui soit exploitable dans le monde
, indique-t-il.
Brent Bullen qualifie aussi le processus d'extraction d’exploitation minière durable
. Il affirme qu'il n'aura aucun effet notable sur l'environnement, contrairement aux exploitations à ciel ouvert de sable de silice de qualité inférieure.
Des experts en géologie, en hydrologie et en chimie de l'eau engagés par la CPE sont moins enthousiastes, surtout à cause des enjeux de contamination.
Dans les rapports qu'ils ont préparés pour la Commission, ces experts s'inquiètent des modifications de la qualité de l'eau qui pourraient résulter de milliers de nouveaux puits.
Il y aura certainement un échange d'eaux souterraines entre les nappes aquifères. Il y aura un changement irréversible où le mélange de ces deux nappes aquifères se produira
, écrit un trio d'ingénieurs de la société de conseil KGS dans un rapport destiné à la CPE.
D'autres consultants, engagés par l'instance environnementale, s’inquiètent de potentielles fuites de polyacrylamide, un produit chimique qui serait utilisé dans l’usine de traitement.
Des centaines d'habitants dans le sud-est du Manitoba craignent aussi une contamination potentielle de leur eau potable avec ce processus d'extraction.
Un habitant de la zone convoitée par Sio Silica, Bradley Simmons, n’est pas confiant face au projet de l’entreprise. Il vit à quelques kilomètres à l'ouest du site de l’usine de traitement proposée par la minière.
Obtenir une autorisation pour 25 ans semble être une longue période pour quelque chose qui n'a jamais été fait auparavant. Pourquoi ne pourrions-nous pas nous contenter d'une période d'essai de quelques années, tester l'eau du puits et voir ce qui se passe sous nos pieds?
demande-t-il.
Il fait partie des Manitobains qui ont manifesté leur opposition à la proposition de Sio Silica lors des audiences de la CPE qui ont eu lieu à Anola, Beauséjour et Steinbach en février et mars derniers.
Il en est de même pour la famille Mustard, qui vit aussi près de la potentielle installation de traitement.
Pour le moment, Sio Silica a déjà investi environ 40 millions de dollars dans sa proposition d'exploitation minière au Manitoba. La Commission de protection de l’environnement devra rendre une décision sur ce projet d'ici le 21 juin.
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