MSX à L’Î.-P.-É. : DES OSTRéICULTEURS DANS L’INCERTITUDE QUANT à L’AVENIR DE LEUR MéTIER

Deux semaines après la découverte de la maladie MSX dans des huîtres de l'Île-du-Prince-Édouard, les cultivateurs son nerveux. En attendant les résultats des tests effectués par l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ils s'organisent pour éviter une disparition de cette industrie.

Mona Jeffery ne s'en lasse pas. Comme presque chaque matin de l'été, elle prend la mer pour se rendre auprès des huîtres qu'elle cultive avec son mari, Gordon Jeffery, à Poplar Grove, dans l'ouest de l'Île-du-Prince-Édouard.

C'est comme notre petit paradis, assure-t-elle. Il n'y a rien comme travailler sur l'eau. C'est tranquille, on est dans la nature.

Ce petit coin de paradis est aujourd'hui touché par la sphère X multinucléée. Cette maladie, connue sous le sigle MSX, est causée par un parasite qui se développe dans les huîtres. Elle est capable de décimer toute une population en l'espace de quelques années.

La MSX a été découverte à la mi-juillet dans la baie de Bedeque, au sud de la province. Depuis, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a confirmé sa présence dans trois autres zones, celles de Boughton, de New London et de Lennox Island Black Banks, celle où pêchent Mona Jeffery et son mari.

Impact économique

En plus de l'impact émotionnel, les effets sont aussi d'ordre économique. Gordon Jeffery est propriétaire de Five Star Shellfish depuis 2001. Il élève et vend près de 15 millions d'huîtres annuellement. Son entreprise génère chaque année des revenus de trois à quatre millions de dollars. Toutefois, la présence de la MSX commence déjà à se faire sentir.

Cela m'a déjà coûté au moins cent mille dollars, peut-être même cent vingt mille dollars, je ne sais pas. Mais nous avons déjà perdu des ventes, ce qui va toucher notre entreprise. Comment allons-nous payer nos employés et les pêcheurs? se demande-t-il.

Cette inquiétude permanente augmente face à l'inconnu. Depuis deux semaines, l'ACIA multiplie les tests, mais les résultats se font encore attendre.

C'est quelque chose qu'on n'a jamais vécu auparavant. Il y a beaucoup d'inconnu, beaucoup de questions et pas beaucoup de réponses, explique Mona Jeffery.

Le plan de la province se fait attendre

Des réponses se font aussi attendre du côté du gouvernement provincial. En effet, si le ministre Cory Deagle assure qu'il multiplie les rencontres avec les agences fédérales et l'industrie, il n'a toujours pas soumis de plan à court ou long terme pour faire face à la MSX.

Le ministre Deagle dit néanmoins être très préoccupé.

C’est le tout début. Nous nous concentrons maintenant sur la collaboration avec l'Agence canadienne d’inspection des aliments pendant qu'elle fait des tests dans d’autres zones pour voir si cela se propage [et] pour l’en empêcher, affirme Cory Deagle.

L’industrie ostréicole de la région du lac Bras d’Or, en Nouvelle-Écosse, ne s’est jamais complètement rétablie depuis que la maladie MSX y est présente, soit depuis 2022. Cette maladie avait aussi atteint la baie de Chesapeake, aux États-Unis, en 1959, ce qui avait forcé plusieurs ostréiculteurs à se recycler dans la palourde.

Plusieurs ostréiculteurs espèrent une financière gouvernementale, confirme le ministre, ajoutant que la province fera tout en son pouvoir pour les aider.

En attendant, Mona Jeffery et son mari n'ont d'autre choix que de s'adapter. Pour eux, pas question de laisser les huîtres au fond de l'eau plus longtemps.

Les huîtres vont survivre si on les sort de l'eau tout de suite et si on les envoie au marché. Si elles restent dans l'eau, là, il y aura une véritable possibilité de les voir mourir d'ici deux ou trois ans, assure-t-elle.

En effet, la disparition de l'industrie est dans toutes les têtes.

Pour s'en sortir, les pêcheurs d'huîtres réclament l'aide des consommateurs. Continuez à manger des huîtres, elles sont bonnes pour la santé humaine, cela n'a pas changé, assure Mona Jeffery.

En effet, pour Gordon Jeffery, c'est une question de survie. Cela va aider nos entreprises, nos communautés et l'Île-du-Prince-Édouard. Alors, continuez de manger des huîtres.

Avec des informations de Victoria Walton, de CBC

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